L’humanisme est un mouvement littéraire et artistique qui a vu l’aube en Italie au XVIe siècle, par le biais du poète Pétrarque inspiré des anciens manuscrits antiques. Plus encore, l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1448 a mis l’huile dans les rouages de ce mouvement. Et ce, pour permettre une propagation généreuse et efficace de savoir sur l’étendue du territoire européen. Mais surtout parce que L’humanisme épouse l’intérêt, selon lequel l’inspiration de l’antiquité nourrit toutes les formes de savoir et de connaissance.
A l’origine du mot… humain
Le mot « humanisme » vient du latin « humanitas » qui désigne l’étude des langues ancienne, à savoir le latin et le grec. Ceux que l’on appelle « humanistes » sont des érudits qui s’adonnent à la recherche et à la traduction des textes antiques. Ils permettent à leurs amateurs de découvrir la pensée de l’Antiquité, et de cultiver toute l’Europe. L’humanisme ne se limite point à une pensée, il est pareillement une toute autre façon d’appréhender le monde.
Le monde repose sur l’homme et non le contraire. Ce dernier est l’épicentre même de l’univers qui l’entoure. Par conséquent il a, en effet, tout le mérite d’accéder au bonheur suprême et de s’épanouir. Il bascule vers l’autonomie, et, désormais, dépendra moins de l’église. De surcroît, il a le privilège de choisir la vie qui lui semble bonne.
Notre ère au diapason avec l’humanisme ?
Pour répondre à cette question fondamentale, il est plus que nécessaire de faire ériger les valeurs et les principes de ce courant. Ensuite, les mettre en juxtaposition avec l’ère actuelle pour, in fine, en tiré une évaluation.
Un intérêt pour les textes grecs et latin de l’Antiquité, et l’accessibilité du savoir
Il faut dire que la traduction des textes antiques a permis aux hommes d’accéder au savoir facilement. Sans entraves et sans passer nécessairement par l’apprentissage de la langue latine, éminemment dominante à l’époque. Enseignée qu’aux nobles, elle a permis une redécouverte de la philosophie de l’Antiquité qui n’était point accessible au peuple. Actuellement, la traduction est devenue un automatisme de l’industrie du livre. Cette dernière s’est même révolutionnée avec la propulsion du e-commerce. Le confinement durant cette pandémie ravageuse illustre parfaitement l’accessibilité du livre via l’achat en ligne, et la livraison à domicile qui s’en suit. Céans, la question qui s’impose est la suivante : est-ce que l’homme, aujourd’hui, se cultive ?
Se cultiver pour être libre
Voila une autre valeur indispensable de l’humanisme qui va sans l’ombre d’un doute répondre à la question précédente. Durant le siècle des lumières, la connaissance et le savoir sont perçus comme les poutres qui maintiennent la liberté de l’homme. Dés lors que la personne s’abreuve de savoir, elle devient plus ouverte aux autres. Plus tolérante et plus informée sur les autres et l’ailleurs.
A l’époque actuelle, la culture, perméable et disponible à profusion, marque, néanmoins, un désintérêt proéminent à bien des égards. Une société qui accorde toute la primauté à l’image, aux abréviations et aux symboles : multiplications des supports visuels. Lire est devenu pénible pour beaucoup.
La découverte du monde et d’autres cultures, l’enseignement
L’humanisme tend à promouvoir l’enseignement de nouvelles disciplines et hisser l’apprentissage des langues. François 1er fonde en 1530 le Collège des lecteurs royaux, qui deviendra le Collège de France. Aujourd’hui, l’évolution véloce de la technologie a permis la disposition d’un nombre infini de plates formes numériques d’apprentissage linguistique. Le monde n’est devenu qu’un petit village où les peuples sont en contact, en permanence. Cependant, les réseaux sociaux sont truffés de discours haineux et racistes. Durant le premier trimestre de l’année 2020, Facebook a indiqué que ses modérateurs avaient supprimé 9,6 millions de messages haineux sur sa plateforme. Alors qu’ à la même période de l’année dernière, Facebook n’a enregistré que 4,1 millions de discours haineux.
La foi en l’homme
L’homme est au centre du monde. L’être humain est, comme le dit le penseur grec Protagoras, “la mesure de toute chose”.
Ce principe, de nos jours, reflète une régression, se désagrège de ce qui se passe dans certains coins du monde. A ce propos la guerre demeure toujours une menace, et réduit en cendres cette valeur humaniste. Ô combien de guerres fratricides insensées, innombrables et inutiles ont été commises et fait pleurer des mères. Les conséquences sont lourdes : des familles entières, démunies de tout, rejetées par les guerres se déracinent. Elles se livrent à l’exode pour l’espoir d’une vie meilleure en Europe qui les accueille. Absurdité, ce mot rappelle bien des choses inhumaines. Comme la mort de Georges Floyd qui aurait pu être aisément évité. Et de tant d’autres meurtres qui le précédent liés à la race. Et que dire des féminicides qui se multiplient dans le monde ? Où le développement n’est plus un facteur de protection pour les femmes… . Occident ou tiers-monde, décidément ce phénomène gronde de partout.
La laïcité
L’humanisme met une certaine barrière entre les dogmes religieux et l’état, sans outrager les religions. Les trois principaux principes de la laïcité sont : la liberté de conscience et d’appliquer ses convictions dans les limites du respect. L’état se détourne de tout ce qui aspire au culte, l’égalité de tous devant la loi quelques soient les croyances de l’individu. Ce point essentiel de l’humanisme se veut unificateur. La cohabitation entre des individus ethniquement et religieusement différents est l’essence même de l’humanisme.
A l’heure actuelle, la cohabitation multiculturelle existe sans aucun doute. L’exemple saillant est le Québec en particulier, et le canada en général. Ce pays respecte et promeut le vivre ensemble. Mais il y a dans le monde des états laïques instrumentalisant la religion. Et des états théocratiques utilisant sournoisement des principes inhérents à la laïcité.
Le bilan, bien sûr, n’est pas complet. En bref, L’humanisme nous enseigne que l’ici et l’ailleurs en est un, que l’humain est citoyen du monde. Ce qui est sidérant de nos jours, est que l’humanisme ne règne jamais seul comme l’était à ses débuts. Il est perpétuellement sous l’ombre de la bêtise, l’absurdité, la guerre, la haine, personnifiés. Mais il faut reconnaître qu’il est viscéralement ancré en nous : sa sagesse nous parle en soliloque ; il est ce phare qui guide l’humanité quand la noirceur fait surface, quand les fléaux émergent des profondeurs abyssales inhumaines. Quand il se trouve au carrefour des représailles, il emprunte à une autre tournure, à d’autres réflexions et à d’autres démarches. Somme toute, tantôt il s’adapte à l’ère de la technologie, tantôt il se perd dans la brume de cette dernière.
Samy Loucheni